Un siècle d'histoire de la SAHVT : 1873-1973
Les premiers érudits locaux
La Société archéologique de Vervins fut créée
en 1873. Elle instituait en fait l'existence d'un groupe d'érudits
locaux qui avaient entamé des recherches d'histoire locale à
la fin des années 1830. Deux jeunes gens, Amédée Piette
et Léandre Papillon, publièrent en effet des feuilletons d'histoire
dans le Journal de Vervins, fondé en 1837. Léandre Papillon,
imprimeur vervinois, propriétaire du journal, un hebdomadaire d'annonces,
avait eu l'idée d'ajouter des suppléments concernant l'Histoire
du Pays, ses Antiquités, son Histoire naturelle, son Industrie. Amédée
Piette, qui fera carrière dans l'administration des impôts, en
fut le premier feuilletoniste. En 1849, les deux hommes lancèrent une
entreprise plus ambitieuse : la publication d'une revue, La Thiérache,
qui rééditait les suppléments parus dans le Journal de
Vervins et des textes nouveaux. Il est intéressant de noter qu'Amédé
Piette, auteur de l'introduction, fut le premier auteur à définir
une identité thiérachienne et à esquisser l'unité
historique et géographique du pays depuis le Xe siècle. Participèrent
à l'ouvrage le docteur Penant, de Vervins, le docteur Rousseau, d'Hirson,
Charles Gomart, de la Société académique de Saint-Quentin,
Auguste Matton, l'archiviste départemental, originaire de Guise.
Il fallut attendre seize ans pour la parution d'une deuxième livraison
de La Thiérache (1865). Le développement des recherches
locales avançait lentement, mais de nouveaux auteurs vinrent renforcer
le noyau initial des érudits locaux. Il semble qu'un public s'intéressait
à ces recherches puisqu'un ospuscule reproduisant le journal d'un notaire
de Marle, relatant les désordres qui se sont produits pendant la guerre
de 1635 à 1655, fut publié grâce à une souscription.
La création de la Société archéologique de Vervins
En 1872, le nouveau propriétaire du Journal de Vervins, A. Flem, publie
un nouveau volume de La Thiérache et annonce la création
de la Société archéologique de Vervins (1873). La Société
comportait 32 membres fondateurs, 47 membres titulaires et 56 membres correspondants.
Elle augmenta ses effectifs jusqu'en 1877 où elle atteint 116 sociétaires.
A partir de cette date, le nombre des adhérents commença à
décroître lentement. Le petit groupe fondateur n'avait pas réussi
à élargir le public des amateurs ni à rallier des hommes
plus jeunes, différemment formés, si bien que, après
la parution en 1908 du tome XXI de La Thiérache, la Société
cessa toute activité et ne conserva plus qu'une existence formelle.
La Société dans le XXe siècle : 1937-1973
En 1937, Pierre Noailles, professeur d'histoire du droit romain à la
Faculté de droit de Paris, entreprit de redonner vie à la Société.
Il avait épousé en 1925 une Vervinoise, Henriette Duflot (dont
la mère avait été membre de la Société).
Il lança une vigoureuse campagne d'adhésion si bien qu'à
la fin de l'année 1937, la Société comptait déjà
189 membres. Le Bureau se montra très actif, incita à travailler
sur des périodes exceptionnellement abordées (Révolution
de 1789, guerre de 1914-1918), à s'ouvrir à des disciplines
telles l'ethnologie. Un Bulletin de la Thiérache fut publié
en 1937. La guerre interrompit cette effervescence. Pierre Noailles mourut
en novembre 1943. La Société courait à nouveau
le risque de disparaître. Les activités ne purent reprendre qu'en
1947 avec le retour de Henriette Noailles-Duflot qui continua l'œuvre
de son mari. Contrairement à ses prédécesseurs de la
fin du siècle précédent, elle ouvrit la Société
à de jeunes amateurs d'histoire locale qui, plus tard, en assurèrent
la continuité. En 1949, la Société marqua le centenaire
du titre La Thiérache et publia un troisième tome de
la nouvelle série. En 1973, le nouveau bureau célébra
le centenaire de la Société (devenue en 1948, Société
archéologique de Vervins et de la Thiérache, dénomination
qui sera modifiée plus tard pour le titre actuel) en montant une exposition
qui devait être une avant-première d'un futur musée et
en publiant sous le titre La Thiérache un volume tiré à
2000 exemplaires.