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La Société historique de Haute-Picardie : son histoire.

La première société savante laonnoise date de 1761. Elle participe du mouvement scientifique du Siècle des Lumières qui a vu fleurir ce genre de société. Sa création en revient à l’Etat, à la volonté du contrôleur général Bertin et à l’arrêt du Conseil d’Etat du 7 septembre 1761. En fait, il s’agit du bureau de Laon de la Société d’agriculture de la généralité de Soissons : comme partout, les réflexions agricoles, physiocratiques, priment alors. Il se réunit à l’hôtel de ville le 1er novembre 1762 pour sa première séance présidée par l’intendant Méliand. Son secrétaire général, Etienne Gouge, naturaliste qui a découvert les « cendres noires », maintient, jusqu’en 1776, un certain dynamisme, qu’il retrouve en 1785 - 1790 avec Pierre Cotte, chanoine météorologue.
Il faut attendre le 11 octobre 1840 pour que naisse une nouvelle société savante à Laon, là encore à l’initiative de l’Etat en la personne du préfet Desmousseaux de Givré qui veut une Commission des antiquités départementales. Elle ne survit pas à son départ et n’a laissé que quelques manuscrits. Certaines personnes tentent de la ressusciter avec la Société archéologique née en juillet 1843. Maximilien Melleville comme trésorier. Elle est aussi éphémère car elle disparaît dès 1845.

Melleville participe à la Société académique de Laon, qui est créée le 30 décembre 1850. Trois membres de l’Instruction publique, six magistrats, trois chefs de bureau de la préfecture, dont Matton archiviste, un médecin, un architecte, un agent voyer, et Edouard Fleury, rédacteur du Journal de l’Aisne et archéologue, en sont à l’initiative sous l’autorité du recteur d’Académie de l’Aisne, François. Louis Vinchon, futur maire, en est le trésorier.
Ils adoptent des statuts draconiens, approuvés par le ministère le 17 mars 1751. Il faut être chercheur pour être membre titulaire : avoir déjà rédigé un mémoire, être présenté par trois personnes, être élu par les trois quarts des membres titulaires. Après il faut fournir un écrit chaque année. Ils sont ainsi 15 à 18 à remplir ces conditions longtemps, dont un président, un vice-président, un secrétaire général, un secrétaire de séance, un trésorier, un archiviste-bibliothécaire. Ceux-ci constituent le bureau, qui tient deux réunions par mois, du 1er novembre au 1er septembre, moment de la séance publique.
La première action durable de la Société académique est de fonder le musée de la ville, pour conserver les ruines romaines de Blanzy et Nizy-le-Comte. La Société siège au musée, 9 rue du Bourg, maison Milon de Martigny, tout d’abord, puis rue Sainte-Geneviève. La Société académique a finalement pour rôle essentiel de publier des mémoires dans son « Bulletin ». Le premier paraît en 1853 ; il comporte 320 pages ; celui de 1855, 580 pages. Les statuts stimulent la recherche ! L’élan est certain lors des présidences de Jean Duchange (25 octobre 1852 – 1861) et Edouard Fleury (5 novembre 1861 - 1864). Edouard Fleury se distingue comme le grand animateur de la Société par ses nombreux articles, et par son rôle de président ou de vice-président et surtout de secrétaire général, jusqu’à sa mort en 1883. Trente ans !
Sa disparition se ressent dans la périodicité du Bulletin. Annuel dans les années 1850 – 1860, il paraît tous les deux ans, selon un tome plus épais, dans les années 1870, puis tous les trois à quatre ans par la suite. La recherche s’essouffle. De Vilestivaud, Piette, Cortillot, de Florival, Glinel, Souchon, le directeur des archives départementales, Servant, et très souvent, entre 1872 et 1895, Combier, assurent la présidence de 1864 à 1909. Etienne Midoux, dessinateur, conservateur du musée, reste archiviste-bibliothécaire une douzaine d’années, de 1877 à 1889. Marquiset, Westercamp, de Hennezel n’arrivent pas à relancer la Société académique qui survit pendant l’entre deux guerres. Son siège est alors déplacé porte d’Ardon. Broche en est le président de 1909 à 1935. Westercamp ensuite.

Alors que la Société académique est en difficulté, « désorganisée par des élections déplorables » et pour « se substituer » à elle, selon l’avis de Maxime de Sars, dans son éloge funèbre de Hennezel en 1955, est fondée, le 25 juin 1914, une nouvelle société historique, la Société historique de Haute-Picardie, par le marquis de Nazelle, le comte de Hennezel, le comte Maxime de Sars, tous aristocrates, châtelains et officiers. Elle renaît le 4 juillet 1920, avec un « comité directeur ». De Hennezel la préside jusqu’en 1944, aidé de deux vice-présidents, Arnaud de Hédouville et André Gosset, d’un secrétaire général, André d’Arcasse, d’un secrétaire de séance, Maxime de Sars, d’un trésorier, André Cornu-Langy, un bibliothécaire, le capitaine Poli. Louis Fagneux remplace Poli à sa mort, en 1923. Pierre Balsan et le baron de Warenghien entrent comme 2ème vice-président et secrétaire le 5 septembre 1963. La Société historique de Haute-Picardie apparaît dynamique. Les membres titulaires passent de 32 en 1922, à 79 en 1927, à 95 en 1930, à 115 par la suite. Elle publie un tome annuel de 120 à 220 pages, avec 5 à 10 articles, dont toujours un à trois de Maxime de Sars. De 1922 à 1926, on compte de 11 à 19 articles, mais ils sont plus courts, imprimés en petites colonnes centrales – type colonne de journal - . Les réunions se limitent à deux par an : l’assemblée générale, traditionnellement fin août, et la séance d’hiver, entre février et avril.

Le comte de Hennezel démissionne en 1945 après avoir réalisé, l’année précédente, la fusion de la Société historique de Haute-Picardie et de la Société académique de Laon, pour donner naissance à la Société historique et académique de Haute-Picardie. Maxime de Sars, historien très prolifique depuis 1908, succède à Hennezel. Le « comité directeur » comprend deux vice-présidents, Jacques Rodolphe-Rousseau et le baron de Warenghien, un secrétaire général, Laurent de Labrusse, un trésorier, Jacques Maillard, un secrétaire de séance, Lucien Broche, un archiviste, Louis Fagneux. Elle compte immédiatement 110 membres titulaires.
Le comte Maxime de Sars reste président de la Société historique et académique de Haute-Picardie de 1945 à 1960. Il précède René Trochon de Lorière, qui l’est de 1960 à 1970, et Henri de Buttet de 1970 à 1980. On compte alors cinq activités annuelles. Après Suzanne Martinet de 1980 à 1996 où il y a 8 séances annuelles, Jean-Louis Baudot préside de 2000 à 2002. Claude Carême de 1996 à 2000 et depuis 2002 tâche d’assurer sa vitalité : 12 activités (conférences, visites) par an, 212 adhérents ayant payé leur cotisation, en 2006. La Société a publié un « Bulletin » en 1947 de 200 pages, cinq articles. Mais depuis 1953, elle intègre ses recherches dans les « Mémoires », annuels, de la Fédération des Sociétés d’histoire de l’Aisne à laquelle elle appartient.

Le président, Claude CAREME

SHHP
Société historique de Haute-Picardie