Préface

Pendant plusieurs siècles, le château de coucy a fait rêver bien des visiteurs et inspiré de nombreux auteurs et artistes. Mais la destruction du donjon en mars 1917 a rétrogradé les restes du château au rang de ruines imposantes que le grand public a souvent du mal à interpréter. Seuls les archéologues continuent à se passionner pour ce château hors du commun. La dernière notice descriptive publiée étant épuisée (François Enaud, coucy, Paris, C.N.M.H.S., 1978), le visiteur de passage à coucy ne pouvait plus s'offrir un livre-souvenir évoquant le plus grand château médiéval du monde occidental.
A l'occasion de la 44e Journée de la Fédération des Sociétés historiques et archéologiques de l'Aisne, la Société historique de Soissons, organisatrice de cette journée, a souhaité combler cette lacune, en promouvant l'idée d'une publication originale présentant le château à l'aide d'une abondante iconographie constituée de documents rares, méconnus, et même inédits. Il s'agissait là d'un véritable défi, car ce projet devait aboutir en quelques mois. Christian Corvisier était sans doute le seul qui pût relever ce défi. Il en avait la compétence et le talent, mais il avait aussi l'énorme avantage d'avoir étudié en détail les ruines du château et les sources d'archives qui le documentent. Il achevait en effet une étude de l'histoire architecturaIe du site castral, destinée à étayer le dossier d'étude préalable à un important programme de restauration du site. Enfin, l'élément déterminant était sans doute qu'il est un passionné de notre pays et de son passé médiéval, et que seul un passionné pouvait en quelques semaines venir à bout de ce travail de sélection et de présentation des vues de coucy.
La contribution qu'apporte Christian Corvisier à la connaissance de coucy est loin d'être négligeable. Il nous propose une nouvelle monographie centrée sur le château, qui fait une synthèse précise des publications antérieures, en y intégrant les apports archéologiques les plus récents, en particulier ceux Jean Mesqui. Pour la première fois dans les notices consacrées au château, l'histoire des restaurations du XIXe siècle est abordée en détail. Si le château est bien l'objet principal de l'ouvrage, l'enceinte est cependant évoquée, de même que la basse-cour. L iconographie sélectionnée surpasse en nombre et en originalité tout ce qui a pu être publié jusqu'à ce jour. Ce catalogue n'est cependant pas un récolement exhaustif des vues de coucy. Il s'agit au contraire d'une sélection critique fondée sur la valeur documentaire des images et sur leur représentativité sous l'angle de l'évolution de la perception du site par les artistes au travers des siècles.
Cet album, qui obéit à la logique du genre, présente bien entendu les images incontournables pour l'historiographie du site. Mais on n'y trouvera pas certaines de celles qui avaient été publiées dans la monographie de François Enaud, comme les toiles de Théodore Rousseau ou les dessins de Victor Hugo. L auteur a en effet tenu à privilégier les images inédites ou peu connues, celles qui se trouvent dans les fonds patrimoniaux locaux (Musée de Soissons, Archives départementales de l'Aisne...) ou dans les fonds régionaux de la Bibliothèque nationale (la collection Fleury par exemple). Les dessins, gravures et photographies sélectionnées témoignent également de la fortune critique du site, et illustrent admirablement la monographie donnée en première partie, dont la densité n'a d'égale que la précision.
En définitive, les sociétés savantes du département de l'Aisne, en assurant l'édition de cet ouvrage, peuvent se féliciter de contribuer à la promotion d'un site prestigieux, site touristique phare département, site historique s'il en est...


Denis Rolland,
Président de la société historique de Soissons


Frédérique Pilleboue
directeur des Archives départementales de l'Aisne,
secrétaire général de la Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie de l'Aisne.


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