Signé
le 2 mai 1598 (deux jours après l'édit de Nantes), le traité
de Vervins rétablissait la paix entre la France et l'Espagne. Les
négociations, présidées par Alexandre de Médicis,
légat du pape Clément VIII, furent longues et difficiles.
Bien que jurée solennellement par Henri IV dès le 21 juin
1598 à Notre-Dame de Paris, la paix ne fut pas immédiatement
consolidée. Elle fut en effet suivie d'une période de «
guerre froide » entre la France et l'Espagne, et d'un court affrontement
entre la France et la Savoie.
Cet ouvrage collectif- le premier qui soit entièrement consacré
à la paix de Vervins -présente une édition complète
du traité. Les auteurs retracent les éléments de l'histoire
diplomatique, religieuse, économique et militaire qui ont conduit
à l'établissement de la paix. Ils se sont également
intéressés aux conditions de la négociation du traité
et à ses conséquences, tant du point de vue espagnol que français.
Ils démontrent, par une analyse des tensions qui suivent la signature
du traité, comment les acteurs de cette fin du XVl' siècle
sont à la recherche d'un équilibre international durable.
Avant-propos
La Paix de
Vervins tient peu de place dans les travaux publiés par la Société
archéologique de Vervins. Eugène Mennesson, dans son Histoire
de Vervins, lui consacra quelques pages où, dans le goût
localiste, l histoire nationale sert de faire-valoir à des figures
vervinoises . Ainsi est-il rappelé que Marc Lescarbot, « enfant
de Vervins », s'illustra par une harangue à la gloire d'Alexandre
de Médicis. L'auteur, cependant, attribua à Isabeau de coucy
et non à sa sSur, Guillemette de coucy, l'honneur de recevoir les
négociateurs dans son château, erreur qui fit long feu puisqu'elle
ne fut rectifiée qu'en 1973 par Henriette Noaille-Duflot... Les amateurs
d'histoire locale ont eu également le souci de découvrir quelques
repères spatiaux qui ancrent l'événement dans la mémoire
collective. Ainsi, Édouard Piette découvre-t-il en examinant
les minutes d'un notaire vervinois que l'endroit précis où
fut signé le Traité aurait été le grand salon
du premier étage, situé à l'angle nord-est du château,
depuis surnommé « la chambre de la Paix » . Il mentionne
également qu'une inscription -PAIX DE VERVINS 1598 SOUS HENRI-LE-GRAND
- gravée en lettres d'or sur le fronton de l'Hôtel-de-Ville
reconstruit en 1823 est trompeuse car elle peut faire croire que la signature
eut lieu dans l'enceinte de l'ancien Hôtel-de-Ville. Un autre auteur
pense identifier Claude Lautrichet, curé de la paroisse en 1598,
sur l'une des peintures murales de l'église de Vervins. Enfin, plusieurs
érudits rappellent qu'en 1873, une copie d'un tableau exposé
au musée historique de Versailles fut offerte à la Ville par
le ministre des Beaux-Arts : il représente la cérémonie
du 21 juin 1598 à Notre-Dame de Paris où Henri IV jura la
paix sur la croix et les évangiles. Cette copie figure toujours dans
le salon d'honneur de la mairie de Vervins. Sur le traité même,
il existe peu de choses sinon des compilations explicites des Mémoires
de Pomponne de Bellièvre et Nicolas Brulart de Sillery, les plénipotentiaires
français, compilations qui s'intéressent surtout aux querelles
de préséance et aux longueurs de la négociation.
La SAHVT, pour son cent-vingt-cinquième anniversaire, ne pouvait
manquer de commémorer le quadricentenaire de la Paix de Vervins et
de publier l'ouvrage dans le cadre de la Fédération des Sociétés
d'histoire et d'archéologie de l'Aisne. Nous remercions l'Université
de Picardie-Jules Verne qui a offert parrainage et soutien ainsi que la
DRAC de Picardie et le Conseil général de l'Aisne, nous remercions
enfin la ville de Vervins.
Nous remercions très vivement les auteurs qui, en acceptant de participer
à cette entreprise, continuent de perpétuer les liens anciens
entre les historiens professionnels et le public des sociétés
d'histoire. Liens noués en toute indépendance, libres de contraintes
institutionnelles, et qui tirent leur autonomie du seul intérêt
partagé pour l'histoire.
Frédérique Pilleboue, directeur des archives départementales
de l'Aisne,
secrétaire général de la Fédération des
Sociétés d'Histoire
et d'Archéologie de l'Aisne
Claudine Vidal, Centre national de la Recherche scientifique,
présidente de la Société archéologique et
historique de Vervins et de la Thiérache